Les lentilles pour freiner la myopie

Les lentilles de freination de la myopie sont une nouvelle génération de lentilles qui permettent aujourd’hui d’offrir une vision nette aux personnes myopes tout en contrôlant l’évolution de leur myopie.

Lentilles rigides à porter la nuit (orthokératologie) ou lentilles souples de jour, ces nouvelles solutions d’adressent notamment aux jeunes patients ayant une myopie évolutive.

Quelles sont les spécificités de ces lentilles de freination de la myopie ? Comment en bénéficier ? Quels sont leurs avantages et leurs éventuelles limites ?

Focus sur ces lentilles d’un nouveau genre.

Les lentilles de freination de la myopie rigides de nuit (orthokératologie)

Comment l’orthokératologie fonctionne-t-elle ?

L’orthokératologie est une technique qui consiste à corriger la myopie la nuit par le port de lentilles rigides qui permettent d’avoir une vision nette le lendemain sans correction optique.

Les lentilles de freination de la myopie utilisées ont une courbure particulière qui aplatit la cornée en son centre, sans que les couches cellulaires plus profondes soient modifiées. Cet aplatissement induit une correction temporaire de la myopie au cours de la nuit et dont l’effet dure toute la journée suivante.

Ainsi, le fait de porter ses lentilles durant 7 heures la nuit permet d’obtenir une acuité visuelle de 10/10 le lendemain sans avoir besoin de lunettes ou de lentilles.

Cette technique est non invasive et réversible puisque la cornée reprend sa forme initiale à l’arrêt du traitement en orthokératologie. De plus, les nouveaux matériaux utilisés dans la conception de ces lentilles de freination de la myopie, associés à des solutions d’entretien très efficaces permettent de préserver la cornée.

Si cette technique de remodelage cornéen n’est pas nouvelle, elle s’est considérablement développée au cours des dernières années, notamment dans les pays asiatiques et anglo-saxons, en raison de la découverte de son effet freinateur sur la myopie.

Des études récentes ont en effet mis en évidence son rôle dans le ralentissement de la croissance du globe oculaire par rapport à d’autres solutions de correction comme les lentilles rigides, les lunettes ou les lentilles souples.

Selon les études, le taux de freination induit par l’orthokératologie varierait entre 40 et 70 %.

Orthokératologie : à qui s’adresse-t-elle ?

Si l’orthokératologie permet de corriger l’hypermétropie, la presbytie et l’astigmatisme, elle est particulièrement adaptée aux patients myopes, enfants ou adultes, notamment dans les cas suivants :

Indépendamment de cette typologie de patients, il est indispensable de répondre à certains critères pour pouvoir bénéficier d’un traitement d’orthokératologie :

  • absence d’antécédents de pathologies oculaires;
  • diamètre de la pupille modéré;
  • absence d’allergies sévères;
  • motivation et rigueur : le traitement implique en effet de suivre au quotidien un protocole de pose, de retrait et d’entretien des lentilles de nuit. Pour ces raisons, il est recommandé d’attendre l’âge de 8/10 ans pour proposer ce traitement aux enfants qui doivent faire preuve de maturité et d’autonomie pour pouvoir suivre les mesures d’hygiène liées à l’orthokératologie;
  • absence d’appréhension sur la pose de lentilles rigides;
  • cycle de sommeil régulier (au moins 6-7 heures de sommeil par nuit).

Quelles sont les contre-indications de l’orthokératologie ?

Les contre-indications restent assez rares. Elles concernent surtout :

  • les patients souffrant de pathologies touchant la surface de la cornée (ex. : dystrophies cornéennes ou kératocône);
  • les patients ayant une cornée plate ou une insuffisance lacrymale. Pour ces personnes, le traitement en orthokératologie peut toutefois être essayé pour vérifier qu’il est bien toléré.

L’orthokératologie est contre-indiquée dans certains cas assez rares : pathologies touchant la surface de la cornée, cornée trop plate ou insuffisance lacrymale.

Quelles sont les limites de l’orthokératologie ?

Si l’orthokératologie fait partie des solutions de freination prometteuses, elle comporte toutefois certaines limites :

  • elle n’est efficace que sur les myopies modérées, car le centre de la cornée ne peut être aplati au-delà d’un certain seuil;
  • comme pour toute lentille, il existe un risque infectieux notamment en cas d’hygiène insuffisante dans la manipulation et l’entretien des lentilles de nuit;
  • le port de lentilles d’orthokératologie durant la nuit permet une vision nette pendant environ 16 heures le lendemain. Au-delà, c’est-à-dire au cours de la nuit suivante, la vision nocturne peut être moins bonne et nécessiter une correction optique (lentilles ou lunettes de vue) pour les activités exigeant une acuité visuelle optimale (ex. : conduite automobile);
  • durant le sommeil, si les lentilles sont rarement gênantes, elles peuvent parfois se déplacer, ce qui peut perturber la vision du lendemain;
  • en cas de traitement interrompu, la cornée reprend sa forme et la myopie retrouve sa valeur initiale (vision floue de loin). En raison de cet effet rebond à l’arrêt du traitement, l’orthokératologie doit être envisagée sur une période de plusieurs années;
  • en cas de nuit courte, l’acuité visuelle le lendemain risque d’être plus faible.

Comment faire pour bénéficier d’un traitement d’orthokératologie ?

Tous les ophtalmologistes ne proposent pas à leurs patients ce type de traitements pour corriger et freiner la myopie.

En effet, l’adaptation et le suivi de l’orthokératologie nécessitent une certaine expertise et expérience.

C’est pourquoi la première étape pour pouvoir bénéficier de ce type de traitements consiste à identifier les ophtalmologistes qualifiés sur cette technique.

Le processus d’adaptation aux lentilles de nuit nécessite par ailleurs des rendez-vous réguliers chez l’ophtalmologiste.

Le premier rendez-vous a pour objectif de vérifier l’absence de contre-indications et consiste à réaliser différents examens, notamment une topographie cornéenne permettant de définir certains paramètres de la cornée (courbure, épaisseur, relief…). C’est sur la base de ces mesures que les lentilles seront réalisées.

À l’issue de ce rendez-vous, une prescription pour des lentilles d’essai est remise au patient afin qu’il puisse les commander chez son opticien.

L’enseignement des techniques de pose, retrait et entretien des lentilles peut être réalisé par un contactologue travaillant en synergie avec l’ophtalmologiste ou par un opticien.

Le lendemain matin de la première nuit de port, un rendez-vous chez l’ophtalmologiste est nécessaire pour vérifier notamment les changements cornéens (topographie cornéenne).

De nouveaux rendez-vous de contrôle rapprochés sont ensuite programmés par l’ophtalmologiste (généralement au bout d’une semaine après la première nuit de port puis à trois semaines).

Il faut en général prévoir 3 à 4 rendez-vous de contrôle avant que l’adaptation ne soit validée et que l’ordonnance définitive des lentilles d’orthokératologie ne soit réalisée.

Si dans la majorité des cas, une bonne acuité visuelle est obtenue au bout d’une semaine, les résultats sont optimaux au bout de trois semaines.

Une fois l’adaptation terminée, les rendez-vous chez l’ophtalmologiste s’espacent mais restent malgré tout réguliers (selon un rythme défini par l’ophtalmologiste) afin de pouvoir vérifier la tolérance des lentilles au niveau de la cornée.

Les lentilles doivent être renouvelées tous les ans même si la myopie du patient reste stable. Toutefois, en cas d’altération des lentilles ou de difficultés à les supporter, un contrôle chez l’ophtalmologiste est indispensable afin qu’il puisse le cas échéant en prescrire de nouvelles.

Le coût des lentilles d’orthokératologie varie entre 250 € et 450 € la paire et n’est pas pris en charge par l’Assurance maladie. Certaines mutuelles proposent un remboursement partiel de ces lentilles.

Les lentilles de freination de la myopie de jour

Une nouvelle alternative pour freiner la myopie des enfants

Une nouvelle technique de freination de la myopie alternative à l’orthokératologie se développe depuis quelques années : le port de lentilles souples durant la journée. Ces lentilles de freination de la myopie ont le même mode d’action que les lentilles d’orthokératologie : elles visent à corriger la myopie tout en freinant la croissance du globe oculaire.

Elles sont notamment indiquées pour le contrôle de la myopie évolutive chez l’enfant ou l’adolescent.

Pour qui ?

L’ophtalmologiste peut être amené à privilégier cette option plutôt que l’orthokératologie en fonction de différents paramètres :

  • âge;
  • degré de myopie et date d’apparition;
  • mesures de la cornée et de l’œil;
  • mode de vie de l’enfant et notamment type d’activités pratiquées (exemple : la natation est un sport contre-indiquant le port de lentilles de jour);
  • attentes/motivation de l’enfant.

Comment en bénéficier ?

Une première consultation permettra au praticien de définir l’option la plus adaptée au profil de l’enfant (orthokératologie ou lentilles de jour).

Comme pour l’orthokératologie, le port de lentilles de jour nécessite :

  • une formation en amont des enfants pour leur permettre de maîtriser la pose, le retrait et de devenir rapidement autonomes dans la gestion quotidienne de leurs lentilles de jour ;
  • une phase d’adaptation ;
  • des rendez-vous de contrôle réguliers pour suivre l’évolution de la myopie et vérifier la bonne tolérance des lentilles de jour.

Quelles sont les modalités d’utilisation ?

Ces lentilles souples peuvent être quotidiennes (et jetables) ou mensuelles. Elles ne doivent pas être portées durant la nuit et nécessitent le respect de mesures d’hygiène indispensables pour la pose, le retrait voire l’entretien (dans le cas de lentilles mensuelles).

Elles présentent l’avantage d’être faciles à manipuler. Pour plus d’efficacité, elles doivent toutefois être portées durant une période suffisamment longue : au moins 6 jours par semaine à raison de 10 heures par jour idéalement. Plus elles sont portées longtemps, plus elles sont efficaces !

Quelle efficacité ?

Des études récentes ont montré une efficacité de ces lentilles sur la progression de la myopie par rapport à des lentilles classiques.

Ces lentilles de freination de la myopie réduiraient ainsi le taux de progression de la myopie chez des enfants âgés de 8 à 12 ans de 59 % en trois ans et continueraient à ralentir la progression de la myopie sur une période de 6 ans (croissance oculaire ralentie de 71 % au cours de la période de traitement suivante de 3 ans).

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