Si la myopie ordinaire se stabilise à l’âge adulte et présente un risque de complications modéré, la myopie forte est en revanche une pathologie évolutive qui fragilise l’œil tout au long de la vie.
Cette dernière peut ainsi être à l’origine de différentes atteintes de la rétine, pouvant dans les cas les plus graves entraîner une malvoyance, voire une cécité. D’où la nécessité pour les myopes forts de bien connaître leurs risques et de se faire suivre régulièrement par leur ophtalmologiste.
Ils pourront ainsi prévenir et traiter au plus tôt d’éventuelles complications afin de préserver leur vision le plus longtemps possible.
Comment la myopie évolue-t-elle ?
Il existe deux scénarios d’évolution selon le type de myopie.
La myopie simple, souvent modérée
Elle apparaît généralement durant l’enfance (vers 6-8 ans) ou à l’adolescence, et progresse jusqu’au début de l’âge adulte (avec un pic de progression entre 7 et 12 ans) avant de se stabiliser entre 20 et 25 ans lorsque la croissance est terminée.
Il arrive que ce type de myopie apparaisse plus tard chez le jeune adulte au moment de l’entrée dans les études supérieures. On parle de stabilité de la myopie lorsqu’elle n’est plus évolutive depuis deux années.
La myopie forte
Elle survient dès le plus jeune âge et résulte principalement d’un allongement excessif du globe oculaire (longueur axiale > 26 mm). Plus elle apparaît tôt, plus elle sera évolutive et importante 13 .
Cette maladie dégénérative, caractérisée notamment par une croissance continue de l’œil présente un risque important de complications.
Les complications possibles de la myopie
Si les myopies modérées sont moins à risque que les myopies fortes, le risque de complications existe néanmoins selon une étude conduite sur la base des données de 200 000 patients myopes suivis en ville dans les centres Point Vision, en collaboration avec le Pr Nicolas Leveziel 14 .
Une augmentation d’une dioptrie augmente ainsi le risque de complications rétiniennes de 40 %. Présent dans les formes faibles ou moyennes, ce risque est d’autant plus important dans les formes sévères de myopie. L’étude montre ainsi qu’environ un patient sur quatre atteint d’une très forte myopie est en situation de malvoyance ou de cécité après 60 ans.
Cette plus grande vulnérabilité de l’œil myope est liée à l’allongement excessif de l’œil qui fragilise la rétine : étirée, amincie, elle peut se déchirer et est moins bien irriguée.
La myopie forte peut entraîner différentes complications.
Environ un patient sur quatre atteint d’une très forte myopie est en situation de malvoyance ou de cécité après 60 ans.
Le décollement de la rétine
Fréquent, il constitue une urgence absolue surtout s’il risque d’atteindre la macula, zone de la rétine qui permet la vision fine. En cas de décollement de rétine avéré, le traitement est chirurgical.
Le glaucome
Le glaucome est une pathologie oculaire caractérisée par une dégénérescence du nerf optique. Le risque de survenue est plus élevé chez les myopes forts. Or, cette maladie est souvent indolore et asymptomatique, ce qui peut entraîner une absence ou un retard de diagnostic avec un risque de complications graves. Le glaucome est ainsi la deuxième cause de cécité dans les pays industrialisés.
La cataracte
Cette opacification du cristallin peut apparaître parfois de façon précoce (dès 30-40 ans) chez les patients souffrant de forte myopie qui se font donc opérer plus tôt que les autres patients.
Les corps flottants ou « mouches volantes » (myodésopsie)
Lié à des opacités dans le corps vitré, ce trouble se manifeste par l’apparition de petites particules qui se déplacent avec les mouvements de l’œil. S’il apparaît généralement avec l’âge, il survient plus fréquemment et de façon plus précoce (parfois vers la fin de l’adolescence) chez les personnes myopes.
Souvent bénins, les corps flottants peuvent toutefois entraîner des complications plus lourdes (décollement partiel ou déchirure de la rétine).
Un épaississement de la rétine ou foveoschisis (atteinte maculaire)
Il s’agit d’une cause fréquente de perte d’acuité visuelle chez les myopes forts, puisque sa prévalence se situe entre 8 et 34 % selon les études.
Les atteintes maculaires
Complication de la forte myopie, la maculopathie myopique peut prendre différentes formes (néovaisseaux choroïdiens maculaires, atrophie maculaire, rétinoschisis maculaires ou foveoschisis, trou maculaire…).
Elle s’accompagne de symptômes comme une baisse de la vision, le plus souvent de près, avec parfois une impression de vision déformée. Dans certains cas, elle peut entraîner une baisse d’acuité visuelle importante et rapide.
13 Hormis pour les myopies congénitales qui sont pour la majorité non évolutives mais présentent un risque élevé de complications du fait d’une longueur axiale excessive.
14 https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/aos.14246
Peut-on devenir myope à l’âge adulte ?
Si la myopie apparaît le plus souvent durant l’enfance, elle peut en effet survenir de façon plus tardive à l’entrée dans l’âge adulte. On parle alors de myopie de l’étudiant, une myopie favorisée par le travail de près et qui reste en général assez modérée. De façon plus rare, la myopie peut apparaitre à un âge plus avancé en raison de l’augmentation de l’indice de réfraction du cristallin. Il s’agit d’une myopie d’indice qui est parfois observée au début de la cataracte.
Comment les complications de la myopie sont-elles traitées ?
Il existe différents traitements contre les complications de la myopie, notamment :
- l’instillation de gouttes (collyre) pour traiter le glaucome lié à la myopie ;
- le laser et/ou la chirurgie contre le glaucome ou les déchirures de la rétine ;
- la chirurgie contre les décollements de rétine ou d’autres complications maculaires ;
- la chirurgie devant une cataracte ;
- les injections intravitréennes pour traiter les néovaisseaux choroïdiens liés à la forte myopie.