L’atropine à dose classique est une substance qui permet de bloquer l’accommodation et dilater la pupille. Elle est utilisée par les ophtalmologistes pour permettre une mesure de la réfraction plus fiable, lors des examens de la vision chez les enfants. De nombreuses études cliniques robustes ont montré que cette substance, avec un très faible dosage, avait également un pouvoir freinateur sur la myopie lorsqu’elle est instillée chaque soir dans les yeux. A qui l’atropine s’adresse-t-elle ? Comment en bénéficier ? Quelles sont ses limites en termes d’usage ? Focus sur l’essentiel à savoir sur ce traitement freinateur de la myopie.
Questions générales
A qui l’atropine s’adresse-t-elle ?
Les collyres à base d’atropine microdosée s’adressent aux enfants ayant une myopie évolutive, c’est-à-dire qui progresse plus rapidement que la moyenne. L’atropine constitue une des solutions pouvant être prescrites par l’ophtalmologiste pour ralentir l’évolution de la myopie d’un enfant et limiter ses risques de complications ultérieures.
A partir de quel âge un enfant peut-il commencer ce type de traitement ?
Le traitement peut être commencé chez l’enfant dès son plus jeune âge mais pas avant 4 ans.
Comment les collyres à base d’atropine fonctionnent-ils ?
L’atropine à dose classique est une substance qui provoque une paralysie de l’accommodation et une dilatation de la pupille. Elle est notamment utilisée pour permettre une mesure de la réfaction plus fiable lors d’un examen de la vision chez l’ophtalmologiste.
Le mécanisme exact de fonctionnement de l’atropine microdosée dans le contrôle de la myopie est encore mal connu et fait l’objet de plusieurs hypothèses. Parmi celles-ci, l’atropine agirait directement ou indirectement sur des récepteurs de la rétine ou sur la sclère (le blanc de l’œil), en inhibant l’amincissement ou l’étirement de la sclère, et donc la croissance de l’œil.
Quels sont les avantages de l’atropine ?
L’atropine est un traitement de freination de la myopie relativement simple à observer puisqu’il consiste à instiller une goutte de collyre dans chaque œil chaque jour. Il présente également l’avantage d’être le seul traitement freinateur aujourd’hui pris en charge par l’Assurance maladie.
L’atropine est-elle efficace pour freiner la myopie ?
Les collyres à base d’atropine microdosée ont montré leur efficacité pour ralentir la progression de la myopie dans de nombreuses études (jusqu’à 80 % de freination selon le dosage). Plusieurs concentrations ont été testées et les dosages à 0,01 %, 0,025% et 0,05 % sont les plus efficaces et les mieux tolérés.
Est-ce une solution définitive contre la myopie ?
Comme pour tout traitement de freination, l’atropine peut ralentir la progression de la myopie mais en aucun cas la guérir définitivement ou en stopper l’évolution.
L’atropine est-elle adaptée aux myopies fortes ?
L’atropine peut aussi être prescrite aux enfants ayant une myopie forte, c’est-à-dire supérieure à -6 dioptries.
L’atropine en pratique
A quel moment de la journée faut-il instiller son collyre à base d’atropine ? Et à quelle fréquence ?
Une goutte doit être administrée dans les deux yeux chaque jour, de préférence le soir juste avant de dormir.
Peut-on voir net sans correction optique le lendemain ?
Le collyre à base d’atropine permet de ralentir la progression de la myopie sur le long terme mais en aucun cas de la corriger. Le patient doit donc porter une correction optique (lentilles ou lunettes) pour voir net au cours de la journée.
Peut-on suivre ce traitement de temps en temps ?
Comme pour tout traitement de freination, l’efficacité de l’atropine dépend de la régularité du patient dans l’observance de ce traitement. L’atropine doit en effet le plus souvent être instillée chaque jour sur une longue période pour produire les résultats escomptés en termes de freination.
Peut-on combiner l’atropine avec d’autres solutions de freination de la myopie (orthokératologie, verres de freination, lentilles souples de jour) ?
De nombreuses études sont en cours pour évaluer l’efficacité des traitements combinant l’atropine à d’autres systèmes de freination par verres ou lentilles pour ralentir de façon significative les myopies très évolutives de l’enfant.
Où peut-on se procurer le collyre à base d’atropine pour freiner sa myopie ?
Les collyres à base d’atropine ne sont pas encore commercialisés en France. Ils ne sont actuellement délivrés que par certaines pharmacies hospitalières sur prescription médicale. Ils sont donc assez difficiles d’accès.
Comment mettre le collyre à base d’atropine ?
L’instillation du collyre à base d’atropine est relativement simple mais nécessite toutefois de respecter certaines précautions :
- se laver soigneusement les mains avant l’instillation des gouttes et prévoir des mouchoirs en papier à portée de main ;
- tenir le flacon dans une main et maintenir l’œil ouvert avec l’autre main ;
- déposer une goutte d’atropine dans le “creux” de la paupière inférieure, sans toucher l’œil ou la paupière avec l’embout du flacon (pour éviter une contamination). NB : pour faciliter le geste, il peut être utile de placer l’enfant en position allongée ou de lui demander de regarder vers le haut pendant que l’on tire la paupière vers le bas ;
- après l’instillation du collyre, veiller à ce que l’enfant ferme les yeux durant quelques secondes et, durant ce laps de temps, comprimer l’angle interne de l’œil, pour faire pénétrer la goutte totalement dans l’œil. Essuyer délicatement l’excédent de collyre qui s’écoule sur la peau avec un mouchoir en papier ;
- répéter cette procédure à l’identique pour l’autre œil ;
- refermer le flacon après usage et le garder bien fermé lorsqu’il n’est pas utilisé.
Comment faire si l’enfant est myope d’un seul œil ?
Même si c’est relativement rare, il peut arriver qu’un enfant ne soit myope que d’un œil. Dans ce cas, le collyre à base d’atropine ne doit être instillé que dans l’œil myope.
L’instillation du collyre peut-elle entraîner une douleur ou une gêne ?
Le collyre à base d’atropine peut provoquer de légers picotements, voire une petite douleur qui cesse très rapidement après l’instillation des gouttes. De même, le collyre étant froid, il peut surprendre les enfants, d’où la nécessité de les prévenir avant l’instillation du collyre.
Comment conserver l’atropine ?
Pour éviter tout risque d’ingestion, il est indispensable de tenir l’atropine hors de la vue et de la portée des enfants. De même, pour maintenir le collyre à une température inférieure à 25 degrés, il est recommandé de le conserver au réfrigérateur et de respecter la date de péremption indiquée sur le flacon. Avant la première utilisation de l’atropine, il est indispensable de lire attentivement la notice.
L’atropine est aujourd’hui le seul traitement de freination de la myopie pris en charge par l’Assurance maladie.
Risques et effets secondaires
Les collyres à base d’atropine utilisés pour freiner la myopie de l’enfant étant microdosés, ils n’entrainent pas de façon significative de dilatation de la pupille ni de paralysie du pouvoir accommodatif de l’œil. Ils peuvent toutefois provoquer chez certains patients une sensibilité à la lumière et une vision floue en vision de près. Il est dès lors recommandé à ces patients de porter des lunettes de soleil ou une casquette par temps ensoleillé afin de limiter cette gêne.
De façon beaucoup plus rare avec une atropine micro-dosée, l’atropine peut entraîner d’autres effets secondaires : fièvre, somnolence, accélération du rythme cardiaque, sécheresse de la peau, nausées, vomissements, diarrhée, sécheresse de la bouche, confusion et allergie (conjonctivite).
Que faire en cas de survenue d’effets secondaires ?
En cas d’apparition d’effet secondaire, il est recommandé d’interrompre le traitement et de consulter son ophtalmologiste pour connaître la démarche à suivre. Le cas échéant, le praticien pourra adapter le traitement et décider par exemple de diminuer la concentration du collyre ou de réduire sa fréquence d’administration.
Adaptation et suivi
A qui s’adresser pour bénéficier d’un traitement de freination de la myopie à base d’atropine ?
Pour bénéficier de ce type de traitement, il est indispensable de consulter un ophtalmologiste spécialisé dans les systèmes de freination de la myopie de l’enfant, si possible en milieu hospitalier.
A quelle fréquence doit-on être suivi par son ophtalmologiste ?
Un premier contrôle est généralement prévu dans les semaines qui suivent le début du traitement à l’atropine afin de réaliser un premier bilan permettant d’évaluer la bonne tolérance du collyre ou d’identifier d’éventuels effets secondaires. Une fois passée la phase d’adaptation, la fréquence des contrôles est déterminée au cas par cas par l’ophtalmologiste (généralement tous les 6 mois).
Combien de temps un traitement à base d’atropine dure-t-il ?
La durée du traitement dépend de l’âge et du degré de myopie de l’enfant. Elle est déterminée par l’ophtalmologiste prescripteur. La durée minimale est de 2 ans.
Que doit-on faire si la myopie évolue en dépit du traitement ?
Si au bout d’un certain temps, le traitement à base d’atropine ne produit pas les résultats escomptés en termes de freination, l’ophtalmologiste peut décider d’adapter le traitement (exemple en augmentant la concentration d’atropine pour un effet freinateur plus important) ou de le combiner à une autre solution de freination (verres ou lentilles de freination).
Que se passe-t-il à l’arrêt du traitement ? La myopie peut-elle s’aggraver à nouveau et de façon plus rapide ?
Les études ont montré qu’il existait un rebond de la myopie en cas d’arrêt du traitement avec une évolution plus rapide qu’avant instillation. Le traitement mis en place doit durer au minimum 2 à 3 ans pour éviter cet effet rebond. Les praticiens savent par ailleurs encadrer cette interruption de traitement pour limiter « l’effet rebond » (arrêt programmé lorsque la croissance de l’œil semble stabilisée, arrêt progressif et non pas brutal…).
Télécharger le dépliant d’information sur les collyres à base d’atropine pour freiner la myopieExiste-t-il des gouttes pour corriger la myopie ?
Certaines équipes de recherche en Israël (équipe de chercheurs du Centre médical Shaare Zedek et de l’Institut de nanotechnologie et de matériaux avancés de l’université Bar-Ilan notamment) s’intéressent à la mise au point de gouttes qui ne freineraient pas, mais corrigeraient la myopie. Ces gouttes qui ont été testées sur des animaux ont montré des résultats prometteurs. Si leur innocuité et leur efficacité sur l’homme était démontrée, elles représenteraient une avancée majeure dans le traitement de la myopie.