L’orthokératologie

L’orthokératologie est une technique qui consiste à porter des lentilles de contact rigides durant le sommeil, afin d’obtenir une vision nette le lendemain sans avoir besoin de correction optique. Même si elle s’adresse aussi aux adultes, cette technique est une des solutions de référence pour ralentir la myopie évolutive des enfants.

Quelles sont ses spécificités, ses avantages et ses limites ? Comment en bénéficier ? Les réponses à toutes vos questions.

Questions générales

Qu’est-ce que l’orthokératologie ?

L’orthokératologie consiste à porter des lentilles rigides la nuit pour corriger sa myopie au cours de la journée du lendemain tout en freinant la progression de sa myopie sur le long terme.

Comment l’orthokératologie fonctionne-t-elle ?

Les lentilles d’orthokératologie ont des courbures particulières. Grâce à la pression des paupières sur celles-ci, des forces sont générées au niveau des larmes, qui permettent d’aplatir la cornée en son centre, sans que les couches cellulaires plus profondes ne soient modifiées.
Cet aplatissement induit :

  • une correction temporaire de la myopie au cours de la nuit et dont l’effet dure toute la journée suivante ;
  • un ralentissement de l’allongement de l’œil, qui est responsable de l’aggravation de la myopie.

Pourquoi l’orthokératologie est-elle si peu connue et pratiquée en France ?

Pratiquée depuis longtemps aux Etats-Unis et en Asie, l’orthokératologie est apparue de façon plus récente en France. Tous les ophtalmologistes ne sont pas formés à cette pratique, c’est pourquoi elle n’est pas encore très répandue dans l’hexagone.

A qui l’orthokératologie s’adresse-t-elle ?

Si l’orthokératologie permet de corriger l’hypermétropie, la presbytie et l’astigmatisme, elle est particulièrement adaptée aux patients myopes, enfants ou adultes, notamment dans les cas suivants :

A quelles conditions peut-on bénéficier d’un traitement d’orthokératologie ?

Différents critères sont requis pour pouvoir bénéficier d’un traitement d’orthokératologie :

  • absence d’antécédents de pathologies oculaires ;
  • diamètre de la pupille modéré ;
  • absence d’allergies sévères ;
  • motivation et rigueur : le traitement implique de suivre au quotidien un protocole de pose, de retrait et d’entretien strict des lentilles de nuit ;
  • absence d’appréhension sur la pose de lentilles rigides ;
  • cycle de sommeil régulier (au moins 6-7 heures de sommeil par nuit).

Dans tous les cas, seul un ophtalmologiste formé à l’orthokératologie est habilité à confirmer si un patient myope peut ou non suivre ce type de traitement.

A partir de quel âge un enfant peut-il commencer ce type de traitement ?

En théorie, un enfant peut commencer à partir de l’âge de 6-7 ans. Il est toutefois préférable d’attendre que l’enfant ait la motivation et la maturité pour pouvoir gérer de façon autonome et rigoureuse ce type de traitement. C’est pourquoi la plupart des praticiens ne démarrent l’adaptation qu’à partir de l’âge de 7/8 ans.

Quels sont les avantages de l’orthokératologie ?

L’orthokératologie offre différents avantages aux patients :

  • parce qu’elle s’appuie sur le port de lentilles la nuit, l’orthokératologie n’entraîne ni inconfort ni risque de perte ou de casse durant la journée ;
  • elle permet la pratique de toutes les activités sportives durant la journée ;
  • elle offre une vision nette le jour sans avoir besoin de porter des lentilles de contact ou des verres de correction ;
  • c’est une technique de freination de la myopie réversible et non invasive.

L’orthokératologie est-elle efficace pour freiner la myopie ?

Plusieurs études récentes ont montré un effet bénéfique de l’orthokératologie sur le ralentissement de la croissance du globe oculaire et donc de la myopie. Le taux de freination lié à l’orthokératologie serait de 40 à 70 % selon les études. 

Est-elle adaptée aux myopies fortes ?

L’orthokératologie n’est efficace que sur les myopies modérées, car le centre de la cornée ne peut être aplati au-delà d’un certain seuil. Elle ne peut donc pas être prescrite en cas de myopie dépassant -7 dioptries.

Est-ce une solution définitive contre la myopie ?

Il ne s’agit pas d’une solution définitive contre la myopie et ce caractère réversible constitue d’ailleurs un des atouts de l’orthokératologie. En effet, en cas d’interruption de traitement, la cornée retrouve sa forme et la myopie reprend sa valeur initiale.

L’orthokératologie offre de nombreux avantages aux enfants myopes et permet notamment la pratique de toutes les activités sportives durant la journée.

L’orthokératologie en pratique

La manipulation des lentilles est-elle facile ?

La manipulation des lentilles nécessite une formation au préalable (délivrée par un contactologue travaillant en coordination avec l’ophtalmologiste prescripteur ou par un opticien). Avec le temps, le patient s’habitue aux techniques de pose et de retrait auxquelles il a été formé et ces gestes deviennent fluides. 

Le port des lentilles rigides la nuit est-il inconfortable ou douloureux ?

Si un inconfort peut être ressenti au début de l’adaptation, celui-ci s’estompe généralement après quelques jours. Il peut également arriver que le patient perçoive des halos au début du traitement qui finissent généralement par disparaître. Si cette sensation persiste, il est recommandé d’en parler à l’ophtalmologiste ayant prescrit le traitement pour connaître la démarche à suivre.

Que faire en cas de gêne ressentie au moment de la pose des lentilles ?

En cas de gêne ressentie au moment de la pose, il est conseillé de retirer la lentille et de la nettoyer avec du sérum physiologique en la massant pour supprimer d’éventuels résidus ou poussières. En cas de gêne persistante, il convient d’en informer son ophtalmologiste.

Peut-on se lever la nuit avec ses lentilles ?

Il est tout à fait possible de se lever la nuit avec ses lentilles de nuit et la vision sera nette. Il faut toutefois veiller à ne pas rester trop longtemps les yeux ouverts.

Peut-on lire après avoir mis ses lentilles le soir ?

Non, les lentilles doivent être placées juste avant de dormir pour rester correctement centrées et être efficaces durant la nuit.

Les lentilles peuvent-elles glisser derrière l’œil ?

Compte tenu de l’anatomie de l’œil, il est impossible qu’une lentille puisse se glisser derrière l’œil.

Combien de temps au minimum faut-il porter ses lentilles durant la nuit ?

Il est indispensable de dormir durant au moins 6 heures pour avoir une vision correcte durant la journée du lendemain. C’est pourquoi l’orthokératologie n’est pas recommandé aux « petits dormeurs » ou amateurs de nuits blanches !

Pendant combien de temps voit-on net au cours de la journée suivant le port des lentilles de nuit ?

Dans des conditions normales d’utilisation, les lentilles d’orthokératologie permettent d’obtenir une acuité visuelle de 10/10 le lendemain, pendant environ 16h, sans avoir besoin de lunettes ni lentilles. A l’issue de cette journée, si la personne doit veiller, il se peut que sa vision soit moins nette et nécessite le port de lunettes notamment pour certaines activités exigeantes sur le plan visuel (ex. conduite automobile).

Comment doit-on enlever ses lentilles d’orthokératologie ?

Au réveil, le patient doit instiller une goutte de solution lubrifiante (prescrite par l’ophtalmologiste) dans ses yeux (en raison d’un risque de sécheresse ou d’adhérence après la nuit) puis attendre quelques minutes avant de retirer ses lentilles.

La vision peut-elle être moins nette certains jours ?

La vision peut paraître moins nette certains jours, notamment si :

  • la durée de sommeil a été courte (< 6-7 heures) ;
  • la lentille a été mal centrée au moment de la pose ou s’est déplacée durant la nuit.

Que faire en cas de problème (œil rouge, douleur, baisse de vision …) ?

En cas de signes d’irritation, de douleur ou de dégradation de la vision, il est recommandé de ne plus porter ses lentilles de nuit et de contacter son ophtalmologiste.

Comment bien entretenir ses lentilles de nuit ?

Au moment de la formation initiale, l’ophtalmologiste attire l’attention du patient sur le protocole à suivre pour :

  • bien entretenir et conserver ses lentilles ;
  • limiter les risques d’infection.

Il est indispensable de suivre scrupuleusement ces recommandations.  Différents produits sont prescrits pour assurer le bon entretien des lentilles : sérum physiologique, oxydant, comprimé de déprotéinisation hebdomadaire, gouttes de confort pour la pose et le retrait des lentilles.

Il est également indispensable de bien se laver les mains au savon puis de les sécher avec une serviette propre (sans peluches) avant chaque manipulation. De même, les lentilles ne doivent jamais être au contact de l’eau et être stockées à température ambiante dans un environnement sain.

Enfin, il est recommandé de contrôler l’état de ses lentilles avant la pose et, le cas échéant, de ne jamais poser de lentilles fissurées ou ébréchées.

Peut-on porter ses lentilles de temps en temps ?

L’orthokératologie étant réversible, il est essentiel de porter ses lentilles chaque nuit pour avoir une vision nette chaque jour et de bons résultats en termes de freination sur le long terme.

Ce traitement est-il remboursé ?

Ces lentilles ne sont, à date, pas remboursées par la Sécurité sociale, mais sont parfois prises en charge par les mutuelles de santé.

Pour être efficace, les lentilles d’orthokératologie doivent être portées chaque nuit durant au moins 6 heures de sommeil.

Risques et contre-indications

Quelles sont les contre-indications ?

Bien que rares, il existe certaines contre-indications à l’orthokératologie :

  • pathologies affectant la surface de la cornée (dystrophies cornéennes, kératocône…) qui contre-indiquent formellement l’orthokératologie ;
  • insuffisance lacrymale (œil sec) pouvant rendre le port de lentilles de nuit très inconfortable ou cornée trop plate. Dans ces deux derniers cas, le traitement en orthokératologie risque d’être moins bien toléré. Il peut toutefois être tenté.

Y a-t-il des risques d’infection ?

Comme pour toute lentille de contact, le principal risque lié à l’orthokératologie est surtout infectieux. C’est pourquoi au début de l’adaptation, les praticiens insistent auprès des patients sur la nécessité de respecter scrupuleusement les règles d’hygiène lors de leur manipulation ou de leur entretien. Il est également recommandé aux patients suivant un traitement en orthokératologie d’être vigilants et de consulter au moindre signe suspect (rougeur, douleur…) pouvant évoquer une infection qui doit être traitée au plus tôt.

Ce traitement peut-il abîmer la cornée ?

Aucun risque de modification durable de la cornée n’a été mis en évidence dans les pays précurseurs en matière d’orthokératologie. Il convient par ailleurs de noter que l’aplatissement de la cornée induit par l’orthokératologie est réversible : en cas d’arrêt, la cornée retrouve sa forme au bout de quelques jours, voire semaines, et la myopie reprend sa valeur initiale.

De plus, les nouveaux matériaux utilisés dans la conception de ces lentilles de freination de la myopie, associés à des solutions d’entretien très efficaces permettent de préserver la cornée.

 

Adaptation et suivi

A qui s’adresser pour bénéficier de ce type de traitements ?

Tous les ophtalmologistes ne sont pas formés à ce type de traitement. Il est donc essentiel de s’adresser à un ophtalmologiste-contactologue ayant reçu la formation initiale nécessaire et disposant d’une certaine expérience.

Plus d’informations

Comment l’adaptation se passe-t-elle ?

Le processus d’adaptation aux lentilles de nuit nécessite des rendez-vous réguliers de surveillance chez l’ophtalmologiste.

Le premier rendez-vous a pour objectif de vérifier l’absence de contre-indications et consiste à réaliser différents examens, notamment une topographie cornéenne permettant de définir certains paramètres de la cornée (courbure, épaisseur, relief…). C’est sur la base de ces mesures que les lentilles seront réalisées.

À l’issue de ce rendez-vous, une prescription pour des lentilles d’essai est remise au patient afin qu’il puisse les commander chez son opticien.

L’enseignement des techniques de pose, retrait et entretien des lentilles peut être réalisé par un contactologue travaillant en synergie avec l’ophtalmologiste ou par un opticien.

Le lendemain matin de la première nuit de port, un rendez-vous chez l’ophtalmologiste est nécessaire pour vérifier notamment les changements cornéens (topographie cornéenne).

De nouveaux rendez-vous de contrôle rapprochés sont ensuite programmés par l’ophtalmologiste (généralement au bout d’une semaine après la première nuit de port puis à trois semaines).

Il faut en général prévoir 3 à 4 rendez-vous de contrôle avant que l’adaptation ne soit validée et que l’ordonnance définitive des lentilles d’orthokératologie ne soit réalisée.

Combien de temps la période d’adaptation dure-t-elle en moyenne ?

Le remodelage de la cornée induit par le port de lentilles rigides la nuit est progressif. Le patient n’a donc pas une vision parfaite à l’issue de la première nuit.

Si dans la majorité des cas, une bonne acuité visuelle est obtenue au bout d’une semaine, les résultats sont optimaux au bout de trois semaines.

A quelle fréquence doit-on être suivi par son ophtalmologiste ?

Une fois l’adaptation terminée, les rendez-vous chez l’ophtalmologiste s’espacent mais restent malgré tout réguliers (selon un rythme défini par l’ophtalmologiste) afin de pouvoir vérifier la tolérance des lentilles au niveau de la cornée.

A quelle fréquence faut-il renouveler ses lentilles ?

Hors circonstances exceptionnelles (perte), les lentilles doivent être renouvelées tous les ans même si la myopie du patient reste stable. Toutefois, en cas d’altération des lentilles ou de difficultés à les supporter, un contrôle chez l’ophtalmologiste est indispensable afin qu’il puisse, le cas échéant, en prescrire de nouvelles.

Que doit-on faire si la myopie évolue en dépit du traitement ?

Il convient d’attendre une année de traitement pour pouvoir évaluer l’efficacité d’un traitement freinateur par orthokératologie. Dans l’hypothèse où les résultats obtenus ne seraient pas probants, l’ophtalmologiste commencera par écarter d’éventuels causes « externes » pouvant expliquer ces résultats décevants : manque d’assiduité dans le traitement, difficultés d’adaptation, pratique intensive des écrans, pathologie oculaire sous-jacente… Puis, il pourra, le cas échéant, proposer au patient une autre solution de freination ou un traitement combinant l’orthokératologie et un collyre à base d’atropine.

 

Arrêt du traitement

A quel âge un enfant peut-il arrêter ce traitement mis en place pour freiner sa myopie ?

Si ce traitement doit théoriquement être poursuivi jusqu’à la fin de la croissance (à l’entrée dans l’âge adulte), il est recommandé d’attendre la fin des études pour l’arrêter.

Que se passe-t-il si on arrête le traitement ?

En cas de traitement interrompu, la cornée reprend sa forme et la myopie retrouve sa valeur initiale (vision floue de loin). C’est pourquoi l’orthokératologie doit être envisagée sur une période de plusieurs années.

Télécharger le dépliant d’information sur l’orthokératologie

[1] Déviation anormale d’un œil vers l’intérieur ou l’extérieur.

[2] Oscillation involontaire des yeux.

[3] Déformation de la cornée qui s’amincit progressivement, perd sa forme sphérique et prend une forme de cône irrégulier.

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