Les spécialistes de la myopie : qui fait quoi ?

Si l’ophtalmologiste reste l’interlocuteur de référence pour le diagnostic et le suivi de la myopie, d’autres professionnels de la vue peuvent également jouer un rôle majeur dans l’accompagnement des patients myopes.

Orthoptistes et opticiens ont même vu leurs compétences s’élargir pour faciliter l’accès aux soins des personnes atteintes de troubles visuels comme la myopie.

En pratique, à quel moment consulter un ophtalmologiste, un opticien ou un orthoptiste ?
Voici quelques éléments de réponse.

L’ophtalmologiste, au cœur du diagnostic

L’ophtalmologiste est un médecin spécialiste de l’œil et de pathologies qui lui sont associées. Sa formation poussée (6 ans de médecine suivis de 5 ans minimum de spécialisation en ophtalmologie) lui permet de :

  • détecter les troubles de la vision comme la myopie chez les enfants dès leur plus jeune âge (le dépistage de la myopie chez l’enfant) ou chez les adultes (le dépistage de la myopie chez l’adulte) via des examens adaptés ;
  • prescrire des traitements, des solutions optiques (lunettes, lentilles) ou de la rééducation pour corriger les défauts visuels ou traiter les pathologies oculaires diagnostiquées ;
  • assurer le suivi des patients souffrant de troubles visuels dans la durée ;
  • réaliser des interventions chirurgicales (myopie, cataracte…).

Certains ophtalmologistes ont une spécialisation supplémentaire :

Dans certains cas, l’ophtalmologiste peut être amené à orienter ses patients vers un confrère spécialisé dans une pathologie ou un type d’interventions nécessitant une expertise particulière.

L’ophtalmologiste travaille fréquemment en étroite coordination avec l’orthoptiste au sein d’un même cabinet pluridisciplinaire.

Il peut alors lui déléguer certaines missions comme la réalisation des tests de vue au début de la consultation. Il analyse ensuite les résultats de ces tests et assure le rôle de prescription.

L’opticien : contrôle de la vision et renouvellement des lunettes

L’opticien est un professionnel paramédical diplômé d’une école d’optique. Son rôle consiste à réaliser des lunettes de vue et délivrer des lentilles de contact sur la base d’une ordonnance établie par un ophtalmologiste.

Il réalise des prises de mesures complémentaires à l’examen de vue, pour adapter au mieux les verres correcteurs à la monture et à la morphologie du patient (écarts pupillaires, hauteur de centrage, distance de lecture ou encore coefficient tête-œil…).

Ses compétences ont été considérablement renforcées dans le cadre d’une réforme datant du 15 avril 2007. Depuis cette date, les patients de plus de 16 ans peuvent consulter directement leur opticien (sans passer par leur ophtalmologiste) pour renouveler leurs lunettes /lentilles à l’identique ou avec une modification de la correction.

L’opticien peut si nécessaire réaliser un examen de réfraction et adapter la correction des verres* ou des lentilles (sauf si l’ophtalmologiste a mentionné son désaccord sur l’ordonnance).

Les patients doivent présenter à leur opticien une prescription médicale valide de leur ophtalmologiste :

  • de moins de 5 ans pour les porteurs de lunettes de moins de 42 ans ;
  • de moins de 3 ans pour les porteurs de lunettes de plus de 42 ans et les porteurs de lentilles.

Dans ce cadre, les patients peuvent bénéficier du remboursement de l’Assurance maladie et de la complémentaire santé.

*Exception : si l’opticien détecte des symptômes évocateurs de presbytie, il ne peut pas procéder au renouvellement des lunettes en corrigeant l’ordonnance initiale mais doit orienter le patient vers son ophtalmologiste qui pourra poser le diagnostic de presbytie sur la base d’un examen approfondi et établir une prescription adaptée.

L’optométriste est un opticien qui a choisi de développer des compétences poussées en matière de santé visuelle (diplôme bac +5). Selon l’AOF, il assure « un service oculaire et visuel complet, qui inclut la réfraction et la fourniture des équipements optiques, la détection/diagnostic et le suivi des maladies oculaires et la réhabilitation du système visuel ».

Contrairement à d’autres pays (Royaume-Uni, Canada), cette profession n’est toutefois pas réglementée en France.

Bon à savoir sur la durée de vos ordonnances

La durée de validité d’une ordonnance pour des lunettes de vue varie en fonction de votre âge :

  • 1 an pour les patients de moins de 16 ans.
  • 5 ans pour les patients âgés de 16 à 42 ans.
  • 3 ans pour les patients âgés de plus de 42 ans.

La durée de validité des ordonnances pour des lentilles de contact est inférieure à celle des lunettes :

  • 1 an pour les patients de moins de 16 ans.
  • 3 ans pour les patients de plus de 16 ans.

À noter : l’ophtalmologiste ayant prescrit les ordonnances a la possibilité de limiter ces durées de validités si nécessaire.

L’orthoptiste, spécialiste de la rééducation des yeux

L’orthoptiste est un professionnel de la santé visuelle diplômé d’État qui reçoit une formation universitaire de trois ans en faculté de médecine. Sur prescription médicale, il est habilité à réaliser :

  • des dépistages et explorations de la vision (mais l’interprétation des résultats reste la compétence de l’ophtalmologiste) ;
  • des actes de rééducation/réadaptation de la fonction visuelle (exemple : coordination des deux yeux, optimisation de la vision résiduelle des patients ayant une perte d’acuité visuelle…).

Depuis le 1er février 2023, les orthoptistes ont vu leur domaine de compétences s’élargir à la prescription de dispositifs de correction optique en direct (sans prescription médicale). Prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, cette mesure prend effet suite à un arrêté paru au Journal officiel du 31 janvier 2023. La prescription de lentilles ou verres correcteurs par les orthoptistes reste toutefois restreinte aux patients âgés de 16 à 42 ans et soumise à certaines conditions :

  • le bilan visuel et la première prescription de verres correcteurs peuvent être réalisés par l’orthoptiste pour les patients âgés de 16 à 42 ans et ne présentant aucune des contre-indications définies par arrêté du ministre chargé de la Santé ;
  • pour les patients déjà porteurs de verres correcteurs, le bilan visuel et la prescription ne peuvent être réalisés par l’orthoptiste que si le dernier bilan visuel réalisé par le médecin ophtalmologiste date de moins de 5 ans ;
  • pour les patients déjà porteurs de lentilles de contact oculaire souples, le bilan visuel et la prescription ne peuvent être réalisés par l’orthoptiste que si le dernier bilan visuel réalisé par le médecin ophtalmologiste date de moins de 3 ans.

Le texte précise aussi qu’en cas de doute sur une situation ou une pathologie non prévue par l’arrêté, l’orthoptiste réoriente son patient vers le médecin ophtalmologiste.

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