Corriger la vision de loin tout en ralentissant l’évolution de la myopie sur le long terme ? Tel est l’objectif de cette nouvelle génération de verres qui peuvent être proposés par les ophtalmologistes aux jeunes patients ayant une myopie évolutive notamment.
Comment ces verres de freination fonctionnent-ils ? A quelles conditions en bénéficier ? Quels sont les résultats obtenus ?
Passage en revue de ce qu’il faut savoir sur cette solution de freination de la myopie.
Questions générales
A qui ces verres s’adressent-t-ils ?
Les verres de freination s’adressent aux enfants myopes, ayant notamment une myopie évolutive, dès l’âge de 4-5 ans et jusqu’à la fin de l’adolescence. Ils peuvent être prescrits dès le début de la myopie et tant que celle-ci montre des signes de progression.
Comment ces verres fonctionnent-ils ? En quoi sont-ils différents des verres de correction classiques ?
Plus allongé que l’œil normal, l’œil myope présente un double dysfonctionnement au niveau de la formation des images:
- en vision centrale, les rayons lumineux sont projetés en avant de la rétine ;
- en vision périphérique, les rayons lumineux sont projetés en arrière de la rétine. Pour compenser ce problème, l’œil continue à s’allonger, aggravant ainsi la myopie.
Les verres classiques permettent aux rayons de la vision centrale d’atteindre la rétine, mais pas à ceux de la vision périphérique. La vision est donc nette mais l’œil continue à s’allonger. A contrario, les verres de freination agissent à la fois sur les rayons de la vision centrale mais aussi sur ceux de la vision périphérique qu’ils font converger en avant de la rétine. Ceci a donc pour effet d’empêcher l’œil de s’allonger et de freiner la progression de la myopie.
Quels sont les avantages des verres de freination de la myopie ?
Au-delà de leur effet freinateur, ces verres sont aussi faciles à porter que des verres de lunettes classiques, esthétiques et non invasifs. De plus, ils permettent une adaptation rapide de la part des enfants et ne présentent pas d’effets secondaires. Enfin, ils offrent une vision aussi nette qu’avec des verres standards.
Ces verres sont-ils aussi esthétiques que des verres correcteurs classiques ?
Ces verres sont fins et ont l’apparence lisse des verres de correction classiques. De plus, ils peuvent être fixés sur de jolies montures adaptées aux goûts de l’enfant.
Ces verres sont-ils efficaces pour freiner la myopie ?
Deux technologies ont aujourd’hui montré des résultats très encourageants en matière de freination de la myopie chez l’enfant : la technologie DIMS (Defocus Incorporated Multiple Segments) et la technologie HALT (Highly Aspherical Lenslet Targe). Si ces technologies sont différentes, elles visent toutes deux à empêcher l’œil de s’allonger. Selon des études récentes, ces deux types de verres freinateurs permettent d’obtenir au moins 60 % de freination par rapport aux verres classiques.
Est-ce une solution définitive contre la myopie ?
Comme pour tout traitement de freination, les verres de freination peuvent ralentir la progression de la myopie mais en aucun cas la guérir définitivement ou en stopper l’évolution.
Ces verres sont-ils adaptés aux myopies fortes ?
Ces verres peuvent être prescrits à des enfants ayant une myopie forte (supérieure à -6 dioptries) afin de limiter sa progression.
Ces verres peuvent-ils être prescrits à titre préventif ?
Si en théorie ces verres pourraient jouer un rôle préventif, il n’existe pas à date d’études cliniques permettant de le confirmer.
Les verres de freination en pratique
Ces verres sont-ils résistants ? Sont-ils adaptés à la pratique sportive ?
Ces verres ont été conçus pour s’adapter au mode de vie actif des jeunes enfants. Ils sont en polycarbonate, un matériau à la fois léger et résistant aux chocs. Ils peuvent donc être portés lors de la pratique d’une activité sportive.
Toutes les montures de lunettes sont-elles adaptées à ces verres ?
Si toutes les montures conviennent théoriquement, les montures en matière plastique ou en métal sont à privilégier. Il est toutefois possible d’utiliser des montures sans bord. L’opticien devra également conseiller une monture adaptée au visage de l’enfant : elle doit bien tenir sur le nez et remonter jusqu’aux sourcils. A la différence des verres de corrections standards, les verres de freination doivent être parfaitement centrés sur l’œil pour être efficaces : le milieu géométrique du verre doit être centré sur le milieu de la pupille D’où la nécessité de faire contrôler régulièrement leur ajustage chez l’opticien.
A quelle fréquence faut-il changer de verres ?
Un changement de verres est généralement prescrit lorsque l’enfant a perdu 0,5 dioptries ou plus, sur au moins un œil. Lorsqu’un seul œil est concerné par cette variation, il est possible de ne changer qu’un seul verre de freination. L’effet de freination entraine une diminution de la fréquence de changement des verres
Combien de temps faut-il porter ces verres durant la journée pour qu’ils soient efficaces ?
Pour des résultats optimaux, il est recommandé de porter les verres freinateurs durant au moins 12 heures par jour, tous les jours. En cas de port irrégulier, les résultats en matière de freination de la myopie risquent d’être limités.
L’ophtalmologiste peut-il ne prescrire qu’un seul verre freinateur ?
Même si cela reste assez rare, il peut arriver qu’un ophtalmologiste ne prescrive qu’un seul verre freinateur. C’est notamment le cas pour les enfants qui ne sont myopes que d’un œil.
Ces verres sont-ils pris en charge par l’Assurance maladie ?
Récents, ces verres sont remboursés par l’Assurance maladie comme des verres standards de correction myopique mais ils peuvent faire l’objet d’une prise en charge partielle de la part de la complémentaire santé..
Résistants et légers, ces verres ont été conçus pour s’adapter au mode de vie actif des enfants.
Risques et contre-indications
Quelles sont les contre-indications ?
Le recours aux verres de freination de la myopie n’est pas systématique en cas de myopie et ne peut être prescrit par l’ophtalmologiste qu’après un examen oculaire préalable. Certaines pathologies (strabisme[1], nystagmus[2] et kératocône[3] notamment) qui peuvent avoir un impact sur la gestion de la myopie, contre-indiquent l’utilisation des verres de freination de la myopie.
En cas de faible myopie, l’ophtalmologiste peut-il prescrire des verres freinateurs ?
Certaines myopies, faibles au départ, peuvent rapidement évoluer. Il appartient à l’ophtalmologiste de déterminer le moment à partir duquel les verres de freination ont une utilité.
En cas de myopie forte, les verres de freination sont généralement prescrits en première intention. En cas de myopie faible, certains praticiens prescrivent dans un premier temps des verres correcteurs classiques, puis des verres freinateurs si la myopie vient à augmenter rapidement.
Adaptation et suivi
A qui s’adresser pour bénéficier de ce type de verres ?
Ces verres sont délivrés sur prescription médicale. Pour en bénéficier, il est donc indispensable de prendre rendez-vous chez un ophtalmologiste qui effectuera un examen de la vision et jugera de la pertinence ou non de prescrire ce type de traitement de freination.
L’adaptation est-elle plus compliquée qu’avec des verres correcteurs standards ?
Comme pour les verres de correction, les verres de freination nécessitent un temps d’adaptation. Cette période d’adaptation varie selon les enfants et le type de verres freinateurs prescrits. Elle peut durer entre trois jours et deux semaines.
Durant la période d’adaptation, il est recommandé par précaution d’éviter de porter ses verres de freination dans les endroits comportant des hauteurs différentes (escalier, manège, escalade) ou durant certaines activités « à risque » : activités sportives intensives ou pouvant entraîner un risque de chute (trottinette, vélo..).
Ces verres peuvent-ils entraîner une gêne visuelle ? Le cas échéant, que faut-il faire ?
Les études montrent que les enfants s’adaptent en général rapidement à ces verres et ne ressentent pas d’inconfort visuel. Il peut toutefois arriver qu’une gêne soit ressentie durant les premiers jours de port. Si celle-ci perdure au-delà de deux semaines (c’est-à-dire une fois la période d’adaptation terminée), il est recommandé de demander conseil à son ophtalmologiste sur la conduite à tenir.
A quelle fréquence l’enfant équipé de verres de freination doit-il être suivi ?
Les RDV de suivi ont généralement lieu tous les trois à six mois chez l’ophtalmologiste et/ou l’opticien. Leur fréquence est définie par l’ophtalmologiste et peut varier d’un patient à l’autre. Ces RDV de suivi permettent d’effectuer un examen de la vision et d’évaluer l’efficacité des verres prescrits pour ralentir la progression de la myopie. Le suivi du patient équipé de verres de freination implique une étroite coordination entre l’opticien et l’ophtalmologiste prescripteur. L’opticien qui a suivi une formation spécifique intervient notamment pour :
- répondre aux questions pratiques des patients sur les verres freinateurs ;
- s’assurer du bon ajustage et du confort visuel du patient 15 jours après le premier jour de port puis autant que de besoin ;
- contrôler l’acuité visuelle du patient régulièrement, en étroite coordination avec l’ophtalmologiste. En cas de gêne ou difficultés rencontrées par le patient, l’opticien renvoie vers le médecin spécialiste.
Que doit-on faire si la myopie évolue en dépit du traitement ?
Il est nécessaire d’attendre au moins un an avant de pouvoir mesurer l’impact réel des verres de freination sur la progression de la myopie. Si la myopie a évolué de façon plus importante que prévu à l’issue de cette période, l’ophtalmologiste cherchera d’abord à identifier les causes « extérieures » pouvant expliquer cette aggravation : port des verres de façon irrégulière, temps important passé sur les écrans, pathologie oculaire sous-jacente…
Le cas échéant, l’ophtalmologiste pourra proposer un autre traitement de freination (orthokératologie, lentilles souples, atropine) ou une stratégie combinée associant les verres freinateurs à un collyre à base d’atropine.
Un enfant équipé de verres de freination de la myopie doit être généralement suivi tous les trois à six mois chez l’ophtalmologiste et/ou l’opticien.
Arrêt du traitement
A quel âge un enfant peut-il arrêter de porter ces verres pour freiner sa myopie ?
L’utilisation des verres freinateurs est généralement interrompue au début de l’âge adulte, lorsque la croissance de l’œil s’est stabilisée.
Que se passe-t-il à l’arrêt du traitement ? Y a-t-il un risque que la myopie s’aggrave à nouveau ?
Des études récentes réalisées sur les verres s’appuyant sur les technologies DIMS et HALT montrent l’absence d’effet rebond à l’arrêt du traitement si les verres ont été portés 3 ans au moins.