Myopie faible, moyenne, forte, pathologique, évolutive, réfractive, axile, accommodative…. Il n’existe pas « une » mais « des » types de myopie.
Les termes employés pour qualifier ce trouble visuel varient en fonction de différents critères, comme le degré de sévérité de la myopie, le mécanisme en cause dans sa survenue, son processus d’évolution ou l’existence de pathologies associées.
Mais il est parfois difficile de se retrouver dans ce flot de dénominations. Ces quelques explications devraient vous aider à y voir plus clair.
Classification selon le degré de myopie
Une des classifications les plus courantes consiste à hiérarchiser les différents types de myopie en fonction de leur degré de sévérité qui, par convention, s’exprime par un nombre négatif de dioptries (« vergence »).
Il existe une relation mathématique entre cette vergence et le punctum remotum (Qu’est-ce que la myopie ?). La distance (en mètres) à laquelle la vision commence à être floue correspond en effet à l’inverse de la vergence. Par exemple, une personne ayant -2 de dioptries voit flou à partir d’une distance de 1/2 m, soit 0,5 m (50 cm).
Ce type de « classification quantitative » permet de distinguer :
- la myopie faible qui est inférieure à -3 dioptries. Les patients concernés par cette forme légère voient flou à partir d’une distance de 33 cm ;
- la myopie moyenne qui est comprise entre -3 et -6 dioptries. Les personnes touchées par ce degré de myopie voient flou à une distance pouvant aller de 16 à 33 cm ;
- la myopie forte qui est supérieure à -6 dioptries. Cette myopie plus sévère empêche les personnes atteintes de voir net au-delà de 16 cm. Sur le plan scientifique toutefois, le critère aujourd’hui retenu pour définir la myopie forte est la longueur de l’œil plus que le nombre de dioptries (longueur axiale supérieure à 26 mm).
La proportion des myopies faibles ou moyennes est aujourd’hui nettement supérieure à celle des myopies fortes 2 .
Sur 2 600 000 000 de personnes myopes dans le monde, 300 000 000 sont atteintes d’une myopie forte .
En France, on estime à 2 % la part de de la population souffrant de myopie forte, et 0,5 % de myopie très forte. Toutefois la prévalence de la myopie forte ne cesse d’augmenter.
Dioptrie ou dixième, quelle différence ?
L’acuité visuelle se mesure en dixièmes qui correspondent à la taille des lettres lues de loin. Plus les lettres lues sont petites plus le nombre de dixièmes est important.
La correction nécessaire pour obtenir la meilleure vision possible (puissance du verre correcteur placé devant l’œil) se mesure en dioptries. Il s’agit du chiffre négatif noté sur l’ordonnance.
Il existe une relation entre dixièmes et dioptries :
- Pour 0 dioptrie, l’acuité visuelle est de 10/10
- Pour – 0,75 dioptrie, l’acuité visuelle est de 5 à 7/10
- Pour – 1,50 dioptrie, l’acuité visuelle est de 2 à 4/10
- Pour – 2,50 dioptries, l’acuité visuelle est de 1/10
- Pour – 3,00 dioptries, l’acuité visuelle est inférieure à 1/10
- Pour – 6,00 dioptries, l’acuité visuelle est inférieure à 1/20
Attention, tous les dixièmes n’ont pas la même importance ! La différence de vision est nettement plus significative entre 1/10 et 2/10 qu’entre 7/10 et 10/10.
De plus, il est possible théoriquement d’avoir une acuité visuelle supérieure à 10/10 (ex. : 12/10).
Myopie axile ou réfractive : une classification en fonction de la structure de l’œil
Il est également possible de catégoriser les différents types de myopie en fonction du degré d’élongation de l’œil et de l’existence d’anomalies au niveau de la cornée et/ou du cristallin, structures de l’œil qui contribuent à former l’image d’un objet.
Les myopies axiles
Elles ont pour origine un globe oculaire anormalement long. La longueur axiale correspond à la distance entre le sommet de la cornée et la fovéa, petite zone de la rétine qui permet la vision fine.
Dans le cas d’un œil emmétrope, c’est-à-dire « normal », cette longueur est d’environ 23 mm. La myopie forte est associée à une longueur axiale égale ou supérieure à 26 mm.
Pour autant, si une longueur axiale excessive est une cause fréquente de myopie, tous les yeux myopes ne présentent pas ce défaut. Certains peuvent même avoir une longueur axiale inférieure à la normale.
Les myopies réfractives
Elles sont dues à un déséquilibre entre la longueur axiale de l’œil, qui n’est pas excessive, et la puissance optique de la cornée (partie transparente recouvrant l’œil) et/ou du cristallin (élément situé dans l’œil devant la rétine). Ce type de myopie est généralement modéré (pas plus de -3 ou -4 de dioptries).
La myopie « pathologique », une myopie axile particulière
Myopie-maladie, myopie pathologique, évolutive, progressive ou dégénérative… Différents termes sont employés pour qualifier cette forme de myopie forte qui, contrairement à la myopie simple, évolue tout au long de la vie.
Sur le plan anatomique, cette myopie est due à différentes anomalies dans la structure de l’œil (élongation axiale excessive associée à des changements structurels dans le segment postérieur de l’œil…).
Généralement héréditaire, elle peut entraîner une perte d’acuité visuelle importante (au-delà de -10 dioptries) et peut même atteindre -30 dioptries dans les formes plus graves (on parle alors de « myopie maligne »).
Bien que méconnue, elle est de plus en plus fréquente et souvent associée à des complications au niveau de la rétine.
Elle constitue une des trois grandes causes de cécité.
La prise en charge précoce des enfants touchés par cette maladie constitue donc un enjeu de santé majeur.
La myopie pathologique évolue tout au long de la vie et peut entraîner une perte d’acuité visuelle importante pouvant aller jusqu’à la cécité.
Les types de myopie rares
Si les myopies axiles et réfractives sont fréquentes, il existe des types de myopie beaucoup plus rares.
La myopie d’indice
Elle est caractérisée par l’augmentation de la puissance optique de l’une ou l’autre des lentilles de l’œil (augmentation de la puissance de réfraction du cristallin, notamment au début de la cataracte, mais aussi, de façon plus rare, de la puissance de la cornée dans le kératocône).
Ce dysfonctionnement entraîne une convergence plus forte des rayons lumineux. Ce type de myopie peut venir aggraver une myopie préexistante ou apparaître chez un patient emmétrope ou un ancien hypermétrope.
La myopie transitoire ou induite
Temporaire comme son nom l’indique, cette myopie est provoquée notamment par le diabète, la grossesse ou à la prise de certains médicaments(exemple : corticoïdes).
Myopie et grossesse
On le sait, la grossesse entraîne de nombreux bouleversements dans l’organisme et la vue n’est pas épargnée ! Certaines femmes enceintes ressentent ainsi une baisse d’acuité visuelle pouvant s’expliquer par la formation d’un œdème de la cornée ou des atteintes transitoires au niveau du cristallin (ce dernier perd une partie de sa souplesse et les muscles responsables de sa déformation sont moins toniques).
Conséquence : l’œil a des difficultés à accommoder, c’est-à-dire à s’adapter pour voir net à différentes distances. Toutefois, pas d’inquiétude ! Tout finit généralement par rentrer dans l’ordre dans les mois qui suivent l’accouchement.
La myopie accommodative ou « pseudo myopie »
Cette forme de myopie est provoquée par un spasme du muscle ciliaire (muscle qui modifie la forme du cristallin lors de l’accommodation) en cas d’activités prolongées sollicitant la vision de près (activités sur écrans, travail de près…). En paralysant ce muscle, l’instillation d’un collyre « cycloplégique » permet de faire cesser ce trouble.
La myopie liée à une subluxation du cristallin
Extrêmement rare, cette forme de myopie est liée à un dysfonctionnement du cristallin qui adopte spontanément une forme plus bombée, ce qui entraîne une augmentation de sa puissance réfractive.
La « myopie » nocturne, une fausse myopie ?
Certaines personnes commencent à moins bien voir de loin à partir de la tombée de la nuit, lorsque la lumière se fait plus rare. C’est ce qu’on appelle la « myopie nocturne ».
Cette diminution de l’acuité visuelle liée à une baisse de luminosité rend la conduite de nuit dangereuse. Toutefois, ce phénomène peut être facilement corrigé par le port de lunettes ou de lentilles.
La myopie nocturne peut apparaître chez des patients ayant une vision normale ou chez des personnes souffrant de myopie. Il convient toutefois d’être vigilant car la myopie nocturne peut être le signe avant-coureur d’une « myopie classique ».
C’est pourquoi il est conseillé de consulter un ophtalmologiste lorsque l’on ressent une gêne visuelle dans des conditions de faible luminosité.
2 COLLOQUE MEDICAL « LA MACULOPATHIE MYOPIQUE (MYOPIE FORTE) », 23 novembre 2019 A ROYAT-CHAMALIERES – intervention du Professeur Nicolas LEVEZIEL sur l’évolution de la myopie dans le monde