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Selon une étude, des salles de classe aux allures de forêt ralentiraient la progression de la myopie

Face à l’épidémie actuelle de myopie qui ne cesse de progresser partout dans le monde, de nombreuses équipes de recherche étudient de nouvelles stratégies préventives.

Si l’exposition à la lumière naturelle est aujourd’hui un facteur de prévention de la myopie bien établi, une nouvelle étude chinoise suggère qu’il serait possible d’obtenir des effets similaires en recréant en intérieur les conditions lumineuses et visuelles d’un environnement naturel.

Une équipe de chercheurs de l’Université Central South, en Chine, dirigée par le professeur Weizhong Lan, a ainsi conduit une étude expérimentale visant à exposer les enfants dans les salles de classe à des stimuli visuels comparables à ceux rencontrés en extérieur. Les chercheurs ont ainsi conçu une salle de classe immersive, dont les murs et les pupitres étaient recouverts d’images représentant des buissons et des arbres, tandis que le plafond imitait un ciel bleu. Pendant un an, 250 enfants âgés d’environ 9 ans ont suivi leurs cours dans cette classe simulée, tandis qu’un groupe témoin de 250 élèves poursuivait sa scolarité dans une salle traditionnelle aux murs blancs.

« Comme les murs sont moins réfléchissants lorsqu’ils sont couverts d’images végétales, l’éclairage a été ajusté afin que la luminosité sur les bureaux soit identique dans les deux classes », précise Ian Flitcroft, membre de l’équipe de recherche.

Les résultats, prépubliés dans la revue ARVO Journals, se sont révélés significatifs. Chez les enfants déjà atteints de myopie, ceux placés dans la salle immersive ont vu la progression de leur trouble ralentir de 0,22 dioptrie par rapport aux élèves de la classe témoin.

Même chez les enfants présentant une acuité visuelle parfaite (20/20), les effets ont été mesurables. Le groupe bénéficiant de l’environnement simulé a vu la courbure oculaire évoluer plus favorablement, avec une progression réduite de 0,18 dioptrie par rapport à leurs camarades.

Pour Billy Hammond, chercheur à l’Université de Géorgie, ces données sont « cliniquement significatives ». L’étude a cependant quelques limites. Chez certains enfants déjà myopes, l’approche n’a pas produit d’effet tangible. Selon Hammond, ces jeunes patients seraient peut-être moins aptes à percevoir les contrastes visuels, nécessaires à la stimulation de la vision.

Ces résultats viennent appuyer l’hypothèse du rôle central des stimuli visuels dans le développement oculaire. « L’œil se façonne en fonction des stimuli visuels qu’il reçoit », rappelle le chercheur. Or, les environnements artificiels – éclairés par des lumières froides et uniformes, pauvres en contrastes – ne fournissent pas une richesse suffisante pour guider le développement harmonieux de l’œil. À l’inverse, les espaces extérieurs offrent un foisonnement de motifs, de distances et de variations lumineuses qui constituent une stimulation bénéfique pour la vision.

Le Dr Lan, à l’initiative de l’étude, estime que cette approche immersive pourrait être mise en œuvre à moindre coût dans les établissements scolaires et autres espaces clos. Selon lui, les élèves n’ont pas été perturbés par ces aménagements ; certains ont même rapporté une amélioration de leur capacité de concentration.

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