L’impact de la lumière sur la myopie
Lumière du jour, lumière bleue, lumière rouge : quel impact sur notre santé visuelle ? État des lieux des connaissances.
Lumière bleue : quels risques pour les yeux des enfants ?
Les écrans ont envahi nos vies et celles de nos enfants. La lumière bleue qu’ils émettent est-elle pour autant sans danger ? Dans une note du 8 février 2023, l’Académie nationale de Médecine répond à cette question.
Si les écrans peuvent être bénéfiques en contribuant à l’éveil des enfants, leur utilisation excessive peut être néfaste en raison :
- de la phototoxicité rétinienne provoquée par la lumière bleue. « L’exposition chronique aux LEDs induit des lésions cellulaires d’ordre photo-chimique particulièrement néfastes pour la rétine maculaire située au centre de la rétine et assurant la vision fine, la lecture, l’écriture et la vision colorée ». D’où l’importance d’adopter des verres anti-UV et anti-lumière bleue pour les plus jeunes jeunes qui sont vulnérables en raison d’un cristallin très translucide ;
- de la dérégulation du rythme veille-sommeil que la lumière bleue des écrans entraîne en cas d’usage la nuit. Cette dérégulation altère la qualité du sommeil et provoque des troubles cognitifs et de l’humeur.
Pour limiter les effets délétères de la lumière bleue sur la santé des plus jeunes, l’Académie nationale de médecine a donc établi différentes recommandations :
– promouvoir l’utilisation de lunettes protectrices contre la lumière bleue, en cas d’exposition prolongée aux écrans ;
– restreindre, voire proscrire, l’usage des écrans durant la nuit ;
– veiller à la régularité des horaires de coucher et de lever des enfants et adolescents pour éviter une désynchronisation de l’horloge interne ;
– introduire, dans le cursus scolaire, une sensibilisation des élèves sur les risques liés aux écrans et sur l’importance du sommeil ;
– sensibiliser les parents aux risques liés à l’usage abusif des écrans ; la baisse des performances scolaires et le repli sur soi de leurs enfants étant deux signaux d’alerte essentiels auxquels ils doivent être attentifs.
Si la lumière bleue, en particulier la nuit, n’est pas bonne pour nos yeux, qu’en est-il des autres formes de lumière ?
Le rôle bénéfique de la lumière du jour en prévention de la myopie
De nombreuses études ont mis en évidence le rôle positif de la lumière naturelle dans la prévention de la myopie. Parce qu’elle stimule la sécrétion de dopamine, la lumière du jour contribuerait à limiter l’allongement de l’œil et donc à freiner le développement de la myopie. En 2008, une étude australienne[1] a mis en évidence une plus forte prévalence de la myopie chez les enfants pratiquant peu d’activités en extérieur (vs les enfants exposés régulièrement et de façon prolongée à la lumière du jour). De même, le fait de passer du temps en extérieur permet de limiter l’impact de la génétique sur le risque de myopie. Le risque de myopie devient en effet identique chez les enfants pratiquant une activité sportive dehors plus de deux heures par jour en moyenne (14 h par semaine), quels que soient leurs antécédents familiaux de myopie (zéro, un ou deux parents myopes)[2]. Enfin, certaines études ont montré qu’une exposition de deux heures par jour à la lumière naturelle divisait par 3 le risque d’évolution myopique[3]. Pour ces raisons, il est recommandé aux enfants de passer au moins deux heures par jour en extérieur pour limiter leurs risques de myopie.
La lumière rouge, une piste de recherche prometteuse pour limiter la progression de la myopie
Fin 2021, une étude chinoise a révélé qu’un constituant de la lumière solaire, la lumière rouge, pourrait également contribuer à freiner la progression de la myopie.
Cette étude a utilisé un appareil qui émet de la lumière rouge à une longueur d’onde de 650 nm pour essayer d’imiter les effets de la lumière du soleil sur les yeux. Le traitement était administré aux enfants par leurs parents, chaque séance durant trois minutes deux fois par jour et cinq jours par semaine.
Des mesures de suivi à un mois et à douze mois ont permis de montrer que la thérapie par la lumière rouge avait entraîné une réduction du taux de progression de la myopie par rapport à un groupe témoin. De plus, plus les parents étaient scrupuleux dans ce traitement, meilleur était le résultat. Cela suggère que l’effet freinateur de la lumière rouge pourrait être optimisé si les durées de traitement étaient augmentées.
Les auteurs du rapport ont suggéré que des études complémentaires soit menées pour conforter ces résultats et permettre de mieux comprendre les implications à long terme de la thérapie par la lumière rouge.
[1] Rose et coll. Outdoor activity reduces the prevalence of myopia in children. Ophthalmology 2008 115: 1279–1285
[2] Jones LA, Sinnott LT, Mutti DO et al. Parental history of myopia, sports and outdoor activities, and future myopia. Invest Ophthalmol Vis Sci. 2007;48(8):3524-32.
[3] https://www.cahiers-ophtalmologie.fr/media/49fb7a30fb216da7604557a4cf992cb8.pdf